Les armes et l’aïkido
A quel moment, l’aïkidoka doit-il commencer la pratique aux armes ?
Je considère que les armes font entièrement partie de la pratique et que les exercices au Ken et au Jo doivent être, au plus tôt, proposés aux débutants. Leur étude régulière favorise l’acquisition des fondations (Kamae, Shiseï). La vigilance (Sanshin) obligatoire dans le travail aux armes peut se transposer ainsi plus aisément dans le travail à mains nues.
Enfin, et c’est sur ce plan que se situent mes recherches, je pense que reprendre régulièrement exercices au Ken et au Jo peut aider à mettre en évidence différentes sensations concernant les appuis au sol, différentes tensions perçues dans les bras et les épaules, et, progressivement, les éliminer.
Ce travail peut se réaliser dans le dojo mais aussi sur d’autres surfaces. C’est à partir de la mise en parallèle de séquences prises dans différents katas au Jo et de déplacements de base à mains nues que j’oriente mes cours, mes recherches afin de faciliter la compréhension, par la répétition d’exercices individuels. Mobilité, légèreté des appuis, relâchement sont visés par ce travail ou s’ajoutent renforcement des cuisses, travail des postures de base, des fondations.
Quelle spécificité accordez aux Jo par rapport au Ken ?
J’inscris la pratique du Jo dans le Keïko de l’Aïkido, une pratique plus individuelle que l’étude classique avec un partenaire mais tout aussi exigeante car basée sur les répétitions, sans le support de l’autre.
Les différents exercices visent à développer la motricité fine, aident à ressentir les points d’appuis, l’ancrage au sol. Ils fortifient le corps, permettent d’apprendre sur soi sans le problème de la confrontation à l’autre, face à soi-même.
Le dojo, lieu de pratique habituel, peut alors être remplacé par différents lieux aux sols plus meubles, plus glissants, plus caillouteux, où les appuis deviennent difficiles.
Ce travail individuel permet de mettre le corps en ordre, dans le sens de Kamae, de le préparer pour la pratique à deux. On peut ainsi insister sur le Shiseï, sur le Kokyu, sur le placement des pieds, les déplacements en utilisant des consignes simples (ne pas balayer le tapis avec les pieds).
De l’extrême lenteur à la recherche de la vivacité, les exercices permettent de ressentir l’équilibre du corps, de ressentir l’espace autour de soi. Il s’agit de prendre conscience de ces différentes sensations par un investissement complet dans l’attitude, la mobilité puis de réinvestir celles-ci dans le travail à deux.
Bien sûr, l’étude de katas au Jo fait partie des exercices et la rigueur nécessaire pour leur réalisation aide à travailler positions, déplacements, mémoire, gestion du rythme, de la respiration.