Aïkido : but ou moyen ?
« Bien qu’il soit généralement considéré comme un art martial ou un système de défense, l’Aïkido est surtout un profond entraînement spirituel». (William Gleason « A la source spirituelle de l’Aïkido »)
Pourquoi dès lors passer tant d’heures à meurtrir son corps, à s’astreindre à un entraînement physique épuisant, à faire tant d’efforts en sachant qu’il faudra de nombreuses années avant de maîtriser quelques gestes ?
Certains éléments de réponse apparaissent progressivement, liés à notre éducation dès le plus jeune âge, à notre culture de sportif, aux exemples de nos maîtres.
On apprend très vite dans la vie que rien n’est jamais acquis et c’est là la douloureuse condition humaine. Cela fait partie, doit ou devrait faire partie de notre éducation. Tout est perfectible et une conscience attentive à chaque geste, chaque acte doit permettre d’aller vers une certaine forme de perfection.
Le sport, quel qu’il soit, a cela d’intéressant d’éduquer l’individu dans cet esprit de réalisation la plus juste possible.
L’Aïkido a ceci de particulier de mettre l’accent sur l’instant de la rencontre, cet instant où la perfection doit-être. Il s’agit de s’adapter à l’autre, à la situation et l’aspect martial se joue là dans ce temps où la vie peut se jouer même dans un simulacre de combat.
Cette forme de pratique, Maître Tamura la qualifiait de « pratique sur le fil du sabre ». Quelques millimètres d’écart et nous oscillons entre gymnastique ou self-défense. Le pétrissage du corps, la conscience mise dans chaque geste sont primordiaux mais c’est le cœur qui est visé.
L’image du funambule illustre cette recherche d’instantanéité et de long terme. Son but est d’accéder à un point mais il doit être absolument présent et concentré sur chaque pas afin que celui-ci soit parfait et lui permette de maintenir son équilibre. Il a ainsi plus de chance d’atteindre son but qu’en se focalisant uniquement sur celui-ci.
Ainsi en est-il aussi de notre pratique entre passages de grades et volonté de se démarquer, entre efficacité et harmonie universelle. La sueur est certainement notre meilleure conseillère.